Le 24 août 2023, le monde a perdu une lumière brillante en la personne de Pathé Diagne. Ce linguiste sénégalais, un grand ami de Cheikh Anta Diop, a laissé une marque indélébile dans le domaine des sciences humaines, avec un engagement sans faille envers la véritable histoire et culture de l’Afrique.
Né en 1958 à Dakar, Diagne a embrassé dès le début une quête d’apprentissage qui l’a conduit à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar puis à l’Université d’État de Pennsylvanie, où il a obtenu son doctorat. Sa passion pour la linguistique l’a amené à explorer la grammaire générative, et son œuvre, «La Grammaire générative en français» (1960), est considérée comme un jalon dans le domaine.
Mais au-delà de la linguistique, Diagne était un fervent défenseur de la vérité historique. Sa critique du concept de négritude, tel qu’articulé par Léopold Sédar Senghor, témoigne de son désir de voir une Afrique authentique, non pas à travers les lentilles de l’impérialisme ou du colonialisme, mais telle qu’elle est vraiment : polyglotte, pluriculturelle et profondément riche.
Peut-être l’une des affirmations les plus audacieuses de Diagne était-elle celle de la navigation transatlantique précolombienne par les Africains. À travers des expéditions maritimes et des recherches intensives, il a cherché à prouver que l’Afrique avait un lien avec les Amériques bien avant l’arrivée de Christophe Colomb. Son livre, «Tarana ou l’Amérique précolombienne», explore cette idée provocatrice, remettant en question la narration eurocentrique de l’histoire.
Pathé Diagne n’était pas simplement un érudit; il était un révolutionnaire. Dans un monde où les histoires sont souvent écrites par les vainqueurs, Diagne a lutté pour donner une voix à ceux qui avaient été réduits au silence. Son travail sur la traduction du Coran en wolof et ses recherches sur l’islam africain face à la Sharia orientale montrent sa volonté d’intégrer les aspects spirituels de l’Afrique dans un discours plus large.
Le décès de Pathé Diagne est une perte immense pour la communauté académique, mais son héritage est incommensurable. Ses livres, ses recherches et ses enseignements continueront d’illuminer le chemin de ceux qui cherchent à comprendre l’Afrique dans toute sa splendeur.
À travers sa vie, Diagne a enseigné au monde une leçon précieuse : que l’Afrique a une histoire riche et variée qui mérite d’être racontée, étudiée et célébrée. En ces temps de deuil, rendons hommage à ce géant intellectuel en nous engageant à poursuivre sa mission : connaître, comprendre et aimer l’Afrique telle qu’elle est vraiment.
